Bref. J’ai 40 ans. Enfin presque… enfin si, quand même. C’est l’âge où tu commences à dire “bref” à la fin de toutes tes phrases, parce que dire “bref”, c’est une manière douce de dire : « J’ai compris, j’ai vécu, j’ai la flemme d’en rajouter. » 40 ans c’est aussi l’âge où tu tends ton téléphone à bout de bras pour réussir à lire, Où ton chargeur est devenu ton cordon ombilical, Où tu dis : “J’arrête les écrans le soir”, pour finalement t’endormir avec ton téléphone à dix centimètres de ton visage et « Docteur House » qui tourne toute la nuit.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai arrêté d’essayer de comprendre les gens. Déjà, je ne me comprends pas toujours moi-même, alors les autres, c’est devenu du bonus. Avant, je voulais sauver le monde, aujourd’hui j’essaie juste de pas m’énerver quand quelqu’un met son clignotant après avoir tourné. Je me contente d’aimer, maladroitement peut-être, et de fermer ma bouche quand je sens que ça servira à rien.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai cru à plein de trucs. À l’amour, à la fidélité, à la liberté, à la communication non violente, à la respiration consciente, au marketing éthique, au karma, et même, un jour, au mariage… J’ai cru que le monde allait changer, que les gens allaient s’écouter, et que la bienveillance finirait par devenir virale. Mais non. C’est le stress qui a gagné la course.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai mal au dos. Pas à la vie, au dos. Mais parfois, les deux sont liés. J’ai mal parce que j’ai porté trop de choses. Des sacs, des valises, des espoirs, des gens. Je sais plus très bien lesquels étaient les plus lourds.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai pas réussi à devenir adulte. Je fais semblant. Je dis des choses sérieuses avec un ton qui fait croire que j’y crois. Mais au fond, j’ai toujours le cœur en baskets. Je parle toute seule quand je range, je danse dans la cuisine quand personne ne regarde, je ramasse encore des cailloux qui brillent, et je me fais des promesses que j’oublie le lendemain. Je boude toujours un peu quand on me dit « non », J’aime tremper mon doigt dans le pot de Nutella, tracer des prénoms dans le sable, et m’inventer des histoires avant de m’endormir. Bref, j’ai grandi dehors, mais pas dedans. Et franchement, je crois que c’est ce qui me sauve.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai aimé comme on saute sans parachute, comme on boit au goulot de la vie, sans se soucier du vertige ni des lendemains. Et quand je me suis écrasée, j’ai cru que c’était de l’amour.
Bref, j’ai 40 ans et parfois je me regarde dans la glace et je me dis : « Elle a tenu, cette carne. » Pas intacte, mais debout. Un peu comme ces murs de kasbahs : fissurés, magnifiques, encore pleins de soleil. Je vois mes cicatrices, mes cernes, et cette douceur revenue dans mon regard. J’ai survécu à moi-même. C’est déjà un sacré exploit.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai compris que la sagesse, ce n’est pas devenir zen. C’est juste arrêter de répondre à tout. Laisser les autres parler, avoir raison, et aller au restau avec soi-même. C’est le calme après la tempête, mais sans promesse de beau temps.
Bref, j’ai 40 ans et je doute toujours, mais j’ai appris à inviter mes doutes à dîner. Ils s’assoient, ils râlent, ils critiquent, et à la fin, ils repartent sans rien casser. Enfin… pas trop. Je leur laisse un peu de place, comme à des vieux potes qu’on ne supporte plus mais qu’on n’a pas le cœur de virer.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai compris que la vie, c’est pas une ligne droite. C’est un labyrinthe, avec des monstres, des mirages, et parfois des gens merveilleux qui t’aident à retrouver la sortie. Y’a pas de plan. Pas de GPS. Juste ton instinct, ton rire, et la foi que, quelque part, tout ça a un sens.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai lâché l’idée d’être parfaite. Je préfère être vivante. Parfois brillante, souvent bancale, toujours en mouvement. Je suis faite d’essais, de ratés, de recommencements, et d’un peu de tendresse pour mes propres failles. Je veux pas qu’on m’admire, je veux qu’on m’aime comme une chanson un peu fausse mais qu’on n’arrive pas à oublier.
Bref, j’ai 40 ans et je parle à Dieu. Pas au Dieu des dogmes ni des sermons, mais à celui qui se cache dans un sourire, un silence, un ciel rose au-dessus du désert. Je lui dis : « Je ne sais pas où je vais, mais j’avance. » Et j’entends, quelque part, un rire doux. Peut-être le sien. Peut-être le mien. Peut-être que c’est pareil.
Bref, j’ai 40 ans. Et je crois enfin que le miracle, c’est juste ça : être encore là, debout, le cœur cabossé mais battant, et dire merci, sans raison.
Il y a, au bout de la rue qui descend vers le Drâa, un chien errant. Quand la nuit a avalé les contours du paysage, il vient se coucher là, discrètement, dans la poussière.
Hier soir, j’avais besoin d’un peu de solitude. Je suis allée m’asseoir au bord du Drâa. Le chien était là. Il s’est approché doucement, mais toujours à bonne distance, avec cette prudence des êtres qui ont trop souffert pour croire encore à la bonté du monde. Je l’ai éclairé de ma lampe : il s’est aussitôt aplati au sol et s’est mis à gémir, comme si le simple fait d’être vu lui faisait honte. Alors j’ai éteint la lumière. Je lui ai parlé dans l’obscurité. À chaque mot, il répondait d’un gémissement, et j’entendais sa queue battre sur le sable, comme un petit cœur obstiné qui voudrait encore aimer.
Il y avait dans cette rencontre quelque chose d’étrangement familier. Je me suis reconnue en lui : dans sa peur, dans son désir d’approcher sans oser, dans ce mélange d’élan et de retrait qui ressemble à la vie tout entière. J’ai murmuré : « Je suis là, mon frère. Je te vois, je t’entends. » Et j’ai pleuré, sans savoir vraiment pourquoi.
Quand je me suis levée pour regagner la maison, je me suis retournée avant de franchir la porte. Le chien m’avait suivie. En le remarquant, il s’est encore aplati sur le sol, comme s’il s’excusait d’exister. Je me suis agenouillée. Je lui ai dit : « Viens. Je ne te veux aucun mal. » Il a rampé vers moi en gémissant, lentement, humblement, jusqu’à s’arrêter à un mètre. J’ai alors pu voir ses yeux, cette infinie douceur mêlée à la peur, cette soif de tendresse que rien ne peut désaltérer. Puis, brusquement, il a reculé, a tourné la tête et s’est fondu dans la nuit.
Il m’a laissée là, le cœur serré, et j’ai compris que Dieu se cache parfois dans la fragilité d’un chien errant et tremblant, pour éprouver la part d’amour encore vivante en nous.
Ne la cherche pas. Elle ne vient jamais à ceux qui l’appellent trop fort. La paix entre comme la lumière par la fissure dans les maisons trop longtemps fermées.
Elle ne ressemble pas au repos. Elle est une présence fine, presque invisible, un battement qui s’accorde au tien et ne demande plus rien.
Un jour, tu sentiras son pas dans ton pas, sa lenteur dans ta lenteur, et tu comprendras que tu n’as jamais été seul-e, seulement séparé-e de toi-même.
Tu ne demanderas plus à l’amour de te sauver. Tu sauras qu’il n’était qu’un autre nom pour dire retour. Les visages, les noms passeront, comme les saisons, et tu ne les poursuivras plus.
Car celui qui saura t’aimer ne viendra pas remplir ton vide, il viendra s’asseoir à côté de lui. Il aura les gestes simples d’un matin sans peur. Et dans ses yeux, tu verras non pas ton reflet, mais la lumière que tu portais déjà.
Alors, la paix - timide, reconnaissante - te prendra dans ses bras, comme un frère, une sœur perdu-e retrouvant sa maison. Et le monde, soudain, sera vaste et silencieux… comme au premier jour.
Me voici de retour sur les terres de mes noces nomades… Là où tout a commencé… Un peu hors du monde, dans cette enclave de paix où la simplicité est l’habit de chaque jour... Loin, très loin, le pays de tristesse…
S’il fallait réinventer la Carte de Tendre, le désert serait le lieu de tous les amours…
Si vous voulez venir nous retrouver, mes amis nomades et moi, nous sommes là. Nous vous attendons. Le thé et le sourire toujours prêts.
Être clown, ce n’est rien de plus que mettre un nez rouge et le montrer aux autres et puis laisser faire. Et Jouer avec ça. Jouer, jouer, jouer .
Le nez rouge, c’est juste un masque, le plus petit du monde.
Au milieu d’un tas de grains de sable, j’imagine que c’est possible, mais en grand, en toi.
C’est un chemin d’expérience vers soi pour les autres, une pause, une respiration, une gratitude d’être vivant, une émotion particulière, une surprise lorsque je lâche mes barrières.
Dire “Oui” à ce qui est là.
Sans exigence, je te propose de venir découvrir ton clown au rythme du désert.
Le stage comporte des exercices d'approche très ludiques, à la portée de tous, qui nous permettent d’ouvrir notre imaginaire, des mises en situation en solo/duo, une approche corps/voix et des temps de parole destinés à repérer ce qui a émergé, ce qui nous a touché, loin du jugement et de l’évaluation, afin de :
✨Appréhender la notion de “plateau” (scène) ✨Propositions impliquant l'écoute de soi et du ou des partenaires de jeu ✨Développer à l'aide de l'outil clownesque (imitation, répétitions, étirement de ce qui jaillit, etc.) ✨Trouver une liberté dans l'improvisation et une acuité à ce qui, peu à peu, s'en dégage ✨Privilégier l'instant présent ✨Explorer la relation à l'espace, à l'objet, mais aussi à soi-même et aux autres
Tu as envie de nous rejoindre ?
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✨ Les célébrantes ✨ Renaître après une séparation – Quand le divorce devient une fête
✨ Dans la culture sahraouie, le divorce n’est pas un moment de honte ni de repli. C’est une étape de vie célébrée dans la joie : les femmes rient, dansent, chantent et se parent de henné. Elles honorent ce passage comme une renaissance, une liberté retrouvée, un nouveau commencement. ✨
Du 18 au 25 avril 2026, nous vous invitons dans le désert marocain pour vivre ce passage unique : 🌙 7 jours de voyage au rythme du désert 🌙 5 nuits en bivouac, dont une en itinérance sous les étoiles 🌙 Ateliers henné, danse, écriture, rituels de passage 🌙 Rencontres avec les femmes du village 🌙 Grande fête sahraouie pour célébrer ensemble la liberté retrouvée
Parce qu’une séparation n’est pas une fin, mais l’ouverture d’un autre chemin.
📍 Départ de Marrakech – 12 participantes 💰 Tarif early bird : 1190 € (pour toute inscription avant le 31 décembre 2025) 💰 Tarif normal : 1290 € (tout inclus sauf vols internationaux)
Enfant, je m’approchais timidement d’un cierge déjà consumé par sa ferveur et, de son feu, j’allumais le mien. J’étais émerveillée de voir qu’une flamme ne perd rien à se donner : elle transmet, elle multiplie sa clarté sans jamais s’appauvrir. Ma petite lumière venait de naître, mais elle était déjà l’héritière d’une longue lignée. Avant moi, un autre avait tendu son cierge vers une flamme, et avant lui encore, d’autres mains, d’autres visages s’étaient approchés. J’entrais dans une chaîne invisible, une fraternité ardente qui traversait le temps…
Ce geste, pourtant si humble, me donnait l’impression de rejoindre une histoire plus vaste que la mienne. Je comprenais sans le savoir qu’il y a dans toute existence une dette et une transmission. Mon feu ne venait pas de moi seul : il était né de la générosité d’un autre, et il appelait déjà le geste de celui qui viendrait après moi. Ainsi se tisse l’éternité : dans l’offrande d’une étincelle que l’on reçoit et que l’on transmet.
Un lumignon isolé est émouvant par sa fragilité. Mais lorsque des dizaines, des centaines de flammes s’élèvent côte à côte, elles composent un chant de lumière qui déborde les murs, qui caresse le visage des vivants, qui console même les morts. C’est dans ce rassemblement des petites flammes que réside la beauté suprême : chacune garde sa singularité, et pourtant toutes s’accordent dans une même clarté.
Je me dis que la condition humaine n’est pas différente. Nous avançons dans l’obscurité du monde avec nos pauvres lumignons : une tendresse offerte, une parole juste, un acte de bonté, un poème... Rien qui prétende renverser les ténèbres à lui seul. Mais lorsque ces flammes s’ajoutent, lorsqu’elles se rejoignent, alors quelque chose comme une aurore surgit.
C’est cela qu’il faut inspirer : que chacun ose approcher son lumignon tremblant du feu des autres, que nul n’ait honte de sa lumière trop petite, car elle devient immense dès qu’elle consent à se joindre aux autres. Nous ne sommes pas appelés à briller seuls dans l’univers : nous sommes appelés à communier.
Et si l’humanité a un avenir, il est peut-être là : dans la modestie de ces flammes qui, de proche en proche, allument un ciel sur la nuit. Mon feu est né d’un autre feu, qui lui-même venait d’ailleurs. Et déjà, dans l’obscurité, quelqu’un attend ma flamme pour allumer la sienne.
Du 7 au 13 novembre, une voyageuse solo se joindra à nous à M’hamid El Ghizlane. Elle cherche des compagnons de marche pour partager la beauté du désert. Groupe de 3-4 personnes maximum
Le Nomade « Rose, toi qui te dresses au milieu des vents comme une flamme fragile, dis-moi : qui est Dieu pour toi ? »
La Rose « Dieu n’a pas de contour, Nomade. Il n’est ni au-dessus, ni au-delà : il est la sève qui traverse ma tige, cette clarté qui m’ouvre à l’aube. Il n’est pas un nom : il est l’espace entre mes pétales, le silence qui les tient ensemble. »
Le Nomade « Mais les hommes bâtissent des murs et disent : “Voici Dieu.” Ils écrivent des livres et jurent qu’Il y réside. Est-ce donc mensonge ? »
La Rose « Ce n’est pas mensonge, c’est oubli. Dieu se laisse entrevoir dans une page comme dans une pierre, mais il ne se laisse pas enfermer. Il est ce qui déborde toujours, ce qui échappe aux mains serrées. Croire le contenir, c’est déjà l’avoir perdu. »
Le Nomade « Et toi, Rose, comment sais-tu qu’Il existe ? »
La Rose « Parce que je m’incline sans savoir pourquoi. Parce que le vent me dépouille et que je fleurirai encore. Parce que mon parfum ne m’appartient pas. Dieu est l’invisible qui m’habite plus que moi-même. Je n’ai pas besoin de preuve : je suis sa preuve. »
Le Nomade « Et moi qui marche jusqu’à l’épuisement, Le verrai-je un jour, face à face ? »
La Rose « Tu ne Le verras pas comme on voit une oasis à l’horizon. Tu Le reconnaîtras comme on reconnaît une source dans la soif. Dieu ne se tient pas au bout de ta route, Nomade : il est le sable qui cède sous ton pas, il est la fatigue de ton corps, il est l’étoile qui veille quand tu dors. Dieu est la marche en toi. »
Je suis née dans une famille de mineurs. Pas pour en tirer une quelconque fierté héroïque (où est la gloire quand on meurt la gueule noire ?), mais pour me rappeler, jour après jour, la dignité de l’homme le plus humble. Leur vie était faite de gestes simples, de mains noircies, d’épaules qui ployaient sans jamais rompre. Ils descendaient sous terre avec une résignation presque tranquille, comme si la poussière et l’obscurité faisaient partie de leur sang. Je viens de là. Et je porte cette mémoire comme une cicatrice… et comme un talisman.
On peut toujours disserter sur la pauvreté, écrire dessus, en faire des thèses, la décortiquer dans les amphithéâtres, la transformer en roman, en objet d’étude ou en statistique, mais la vérité est ailleurs… La vérité, c’est la faim dans le ventre qui t’empêche de dormir. La vérité, c’est le froid qui s’invite jusque dans la moelle des os, et dont aucun drap, aucune couverture, aucune parole douce ne te protège. La vérité, c’est l’avoir vécu, dans la chair, avec effroi et larmes. Pas comme une idée abstraite, pas comme un concept, mais comme une morsure permanente. Alors seulement on sait.
Je ne suis pas une martyre. Je n’ai jamais voulu être érigée en statue ou en exemple. Mais ma vie a été un terrain d’épreuves, un catalogue assez large de souffrances : une tumeur digestive qui m’a fait supplier la mort, qui m’a clouée au lit comme un animal blessé implorant qu’on l’achève, des abus sexuels, physiques, psychologiques, où le corps devient un champ de bataille que l’on voudrait quitter, des nuits d’errance où chaque trottoir ressemble à une condamnation, des jours de faim où le ventre gronde comme un tambour de guerre. L’impression d’être traquée par la vie elle-même, sans refuge possible, sans havre ni répit. Rien ne m’a été épargné. Et parfois je me demande si ce n’est pas mon « examen final » avant le grand passage. Comme si la vie voulait tester jusqu’au bout la résistance de ma chair et de mon âme.
Et pourtant je ne regrette rien. Pas un instant. Parce que tout cela m’a forgée. J’ai eu une vie complète. Complète comme ces artistes qui rêvent d’une création totale. Pas une toile inachevée, pas un roman abandonné au premier chapitre, mais une fresque immense où chaque souffrance, chaque perte, chaque éclat de joie a trouvé sa place.
Ma vie est mon œuvre d’art. Une œuvre d’art total, façonnée par la douleur, la joie, l’échec, les sursauts, le sang et les cris. Une œuvre sans calcul, sans recherche de perfection, mais vraie, brute, faite de cicatrices et de miracles minuscules. Et je remercie tous les acteurs, les techniciens de l’ombre, les décorateurs invisibles, tous ceux qui, de près ou de loin, ont œuvré à ce théâtre. Les bourreaux comme les sauveurs, les traîtres comme les amis. Sans eux, pas de scène. Sans eux, pas de vie. Sans eux, pas ce texte.
Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Bref, j’ai 40 ans.
Bref.
J’ai 40 ans.
Enfin presque… enfin si, quand même.
C’est l’âge où tu commences à dire “bref” à la fin de toutes tes phrases,
parce que dire “bref”,
c’est une manière douce de dire :
« J’ai compris, j’ai vécu, j’ai la flemme d’en rajouter. »
40 ans c’est aussi l’âge où tu tends ton téléphone à bout de bras pour réussir à lire,
Où ton chargeur est devenu ton cordon ombilical,
Où tu dis : “J’arrête les écrans le soir”,
pour finalement t’endormir avec ton téléphone à dix centimètres de ton visage et « Docteur House » qui tourne toute la nuit.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai arrêté d’essayer de comprendre les gens.
Déjà, je ne me comprends pas toujours moi-même,
alors les autres, c’est devenu du bonus.
Avant, je voulais sauver le monde,
aujourd’hui j’essaie juste de pas m’énerver
quand quelqu’un met son clignotant après avoir tourné.
Je me contente d’aimer, maladroitement peut-être,
et de fermer ma bouche quand je sens que ça servira à rien.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai cru à plein de trucs.
À l’amour, à la fidélité, à la liberté,
à la communication non violente, à la respiration consciente,
au marketing éthique, au karma,
et même, un jour, au mariage…
J’ai cru que le monde allait changer,
que les gens allaient s’écouter,
et que la bienveillance finirait par devenir virale.
Mais non.
C’est le stress qui a gagné la course.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai mal au dos.
Pas à la vie, au dos.
Mais parfois, les deux sont liés.
J’ai mal parce que j’ai porté trop de choses.
Des sacs, des valises, des espoirs, des gens.
Je sais plus très bien lesquels étaient les plus lourds.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai pas réussi à devenir adulte.
Je fais semblant.
Je dis des choses sérieuses avec un ton qui fait croire que j’y crois.
Mais au fond, j’ai toujours le cœur en baskets.
Je parle toute seule quand je range,
je danse dans la cuisine quand personne ne regarde,
je ramasse encore des cailloux qui brillent,
et je me fais des promesses que j’oublie le lendemain.
Je boude toujours un peu quand on me dit « non »,
J’aime tremper mon doigt dans le pot de Nutella,
tracer des prénoms dans le sable,
et m’inventer des histoires avant de m’endormir.
Bref, j’ai grandi dehors, mais pas dedans.
Et franchement, je crois que c’est ce qui me sauve.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai aimé comme on saute sans parachute,
comme on boit au goulot de la vie,
sans se soucier du vertige ni des lendemains.
Et quand je me suis écrasée, j’ai cru que c’était de l’amour.
Bref, j’ai 40 ans et parfois je me regarde dans la glace et je me dis :
« Elle a tenu, cette carne. »
Pas intacte, mais debout.
Un peu comme ces murs de kasbahs :
fissurés, magnifiques, encore pleins de soleil.
Je vois mes cicatrices, mes cernes,
et cette douceur revenue dans mon regard.
J’ai survécu à moi-même.
C’est déjà un sacré exploit.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai compris que la sagesse,
ce n’est pas devenir zen.
C’est juste arrêter de répondre à tout.
Laisser les autres parler, avoir raison,
et aller au restau avec soi-même.
C’est le calme après la tempête,
mais sans promesse de beau temps.
Bref, j’ai 40 ans et je doute toujours,
mais j’ai appris à inviter mes doutes à dîner.
Ils s’assoient, ils râlent, ils critiquent,
et à la fin, ils repartent sans rien casser.
Enfin… pas trop.
Je leur laisse un peu de place,
comme à des vieux potes qu’on ne supporte plus
mais qu’on n’a pas le cœur de virer.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai compris que la vie,
c’est pas une ligne droite.
C’est un labyrinthe, avec des monstres, des mirages,
et parfois des gens merveilleux qui t’aident à retrouver la sortie.
Y’a pas de plan. Pas de GPS.
Juste ton instinct, ton rire, et la foi que, quelque part,
tout ça a un sens.
Bref, j’ai 40 ans et j’ai lâché l’idée d’être parfaite.
Je préfère être vivante.
Parfois brillante, souvent bancale,
toujours en mouvement.
Je suis faite d’essais, de ratés, de recommencements,
et d’un peu de tendresse pour mes propres failles.
Je veux pas qu’on m’admire,
je veux qu’on m’aime comme une chanson un peu fausse
mais qu’on n’arrive pas à oublier.
Bref, j’ai 40 ans et je parle à Dieu.
Pas au Dieu des dogmes ni des sermons,
mais à celui qui se cache dans un sourire,
un silence, un ciel rose au-dessus du désert.
Je lui dis :
« Je ne sais pas où je vais, mais j’avance. »
Et j’entends, quelque part, un rire doux.
Peut-être le sien. Peut-être le mien.
Peut-être que c’est pareil.
Bref, j’ai 40 ans.
Et je crois enfin que le miracle,
c’est juste ça :
être encore là,
debout,
le cœur cabossé mais battant,
et dire merci,
sans raison.
3 days ago | [YT] | 474
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Le chien du Drâa
Il y a, au bout de la rue qui descend vers le Drâa, un chien errant.
Quand la nuit a avalé les contours du paysage, il vient se coucher là, discrètement, dans la poussière.
Hier soir, j’avais besoin d’un peu de solitude.
Je suis allée m’asseoir au bord du Drâa.
Le chien était là.
Il s’est approché doucement, mais toujours à bonne distance, avec cette prudence des êtres qui ont trop souffert pour croire encore à la bonté du monde.
Je l’ai éclairé de ma lampe : il s’est aussitôt aplati au sol et s’est mis à gémir, comme si le simple fait d’être vu lui faisait honte.
Alors j’ai éteint la lumière.
Je lui ai parlé dans l’obscurité.
À chaque mot, il répondait d’un gémissement, et j’entendais sa queue battre sur le sable, comme un petit cœur obstiné qui voudrait encore aimer.
Il y avait dans cette rencontre quelque chose d’étrangement familier.
Je me suis reconnue en lui : dans sa peur, dans son désir d’approcher sans oser, dans ce mélange d’élan et de retrait qui ressemble à la vie tout entière.
J’ai murmuré : « Je suis là, mon frère. Je te vois, je t’entends. »
Et j’ai pleuré, sans savoir vraiment pourquoi.
Quand je me suis levée pour regagner la maison, je me suis retournée avant de franchir la porte.
Le chien m’avait suivie.
En le remarquant, il s’est encore aplati sur le sol, comme s’il s’excusait d’exister.
Je me suis agenouillée.
Je lui ai dit : « Viens. Je ne te veux aucun mal. »
Il a rampé vers moi en gémissant, lentement, humblement, jusqu’à s’arrêter à un mètre.
J’ai alors pu voir ses yeux, cette infinie douceur mêlée à la peur, cette soif de tendresse que rien ne peut désaltérer.
Puis, brusquement, il a reculé, a tourné la tête et s’est fondu dans la nuit.
Il m’a laissée là, le cœur serré, et j’ai compris que Dieu se cache parfois dans la fragilité d’un chien errant et tremblant, pour éprouver la part d’amour encore vivante en nous.
5 days ago (edited) | [YT] | 192
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Quand viendra la paix
Ne la cherche pas.
Elle ne vient jamais à ceux qui l’appellent trop fort.
La paix entre comme la lumière par la fissure
dans les maisons trop longtemps fermées.
Elle ne ressemble pas au repos.
Elle est une présence fine, presque invisible,
un battement qui s’accorde au tien
et ne demande plus rien.
Un jour, tu sentiras son pas dans ton pas,
sa lenteur dans ta lenteur,
et tu comprendras que tu n’as jamais été seul-e,
seulement séparé-e de toi-même.
Tu ne demanderas plus à l’amour de te sauver.
Tu sauras qu’il n’était qu’un autre nom pour dire retour.
Les visages, les noms passeront, comme les saisons,
et tu ne les poursuivras plus.
Car celui qui saura t’aimer ne viendra pas remplir ton vide,
il viendra s’asseoir à côté de lui.
Il aura les gestes simples d’un matin sans peur.
Et dans ses yeux, tu verras non pas ton reflet,
mais la lumière que tu portais déjà.
Alors, la paix - timide, reconnaissante -
te prendra dans ses bras,
comme un frère, une sœur perdu-e retrouvant sa maison.
Et le monde, soudain, sera vaste et silencieux…
comme au premier jour.
6 days ago | [YT] | 194
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Me voici de retour sur les terres de mes noces nomades…
Là où tout a commencé…
Un peu hors du monde, dans cette enclave de paix où la simplicité est l’habit de chaque jour...
Loin, très loin, le pays de tristesse…
S’il fallait réinventer la Carte de Tendre, le désert serait le lieu de tous les amours…
Si vous voulez venir nous retrouver, mes amis nomades et moi, nous sommes là.
Nous vous attendons.
Le thé et le sourire toujours prêts.
+33 06 73 61 29 17 (via WhatsApp, merci)
larosenomadefr@gmail.com
1 week ago | [YT] | 129
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Être clown, ce n’est rien de plus que mettre un nez rouge et le montrer aux autres et puis laisser faire.
Et Jouer avec ça.
Jouer, jouer, jouer .
Le nez rouge, c’est juste un masque, le plus petit du monde.
Au milieu d’un tas de grains de sable, j’imagine que c’est possible, mais en grand, en toi.
C’est un chemin d’expérience vers soi pour les autres, une pause, une respiration, une gratitude d’être vivant, une émotion particulière, une surprise lorsque je lâche mes barrières.
Dire “Oui” à ce qui est là.
Sans exigence, je te propose de venir découvrir ton clown au rythme du désert.
Le stage comporte des exercices d'approche très ludiques, à la portée de tous, qui nous permettent d’ouvrir notre imaginaire, des mises en situation en solo/duo, une approche corps/voix et des temps de parole destinés à repérer ce qui a émergé, ce qui nous a touché, loin du jugement et de l’évaluation, afin de :
✨Appréhender la notion de “plateau” (scène)
✨Propositions impliquant l'écoute de soi et du ou des partenaires de jeu
✨Développer à l'aide de l'outil clownesque (imitation, répétitions, étirement de ce qui jaillit, etc.)
✨Trouver une liberté dans l'improvisation et une acuité à ce qui, peu à peu, s'en dégage
✨Privilégier l'instant présent
✨Explorer la relation à l'espace, à l'objet, mais aussi à soi-même et aux autres
Tu as envie de nous rejoindre ?
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2 weeks ago | [YT] | 28
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
✨ Les célébrantes ✨
Renaître après une séparation – Quand le divorce devient une fête
✨ Dans la culture sahraouie, le divorce n’est pas un moment de honte ni de repli.
C’est une étape de vie célébrée dans la joie : les femmes rient, dansent, chantent et se parent de henné.
Elles honorent ce passage comme une renaissance, une liberté retrouvée, un nouveau commencement. ✨
Du 18 au 25 avril 2026, nous vous invitons dans le désert marocain pour vivre ce passage unique :
🌙 7 jours de voyage au rythme du désert
🌙 5 nuits en bivouac, dont une en itinérance sous les étoiles
🌙 Ateliers henné, danse, écriture, rituels de passage
🌙 Rencontres avec les femmes du village
🌙 Grande fête sahraouie pour célébrer ensemble la liberté retrouvée
Parce qu’une séparation n’est pas une fin, mais l’ouverture d’un autre chemin.
📍 Départ de Marrakech – 12 participantes
💰 Tarif early bird : 1190 € (pour toute inscription avant le 31 décembre 2025)
💰 Tarif normal : 1290 € (tout inclus sauf vols internationaux)
👉 Infos & inscriptions : +33 0673612917 (WhatsApp bienvenue)
larosenomadefr@gmail.com
2 weeks ago | [YT] | 27
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Enfant, je m’approchais timidement d’un cierge déjà consumé par sa ferveur et, de son feu, j’allumais le mien. J’étais émerveillée de voir qu’une flamme ne perd rien à se donner : elle transmet, elle multiplie sa clarté sans jamais s’appauvrir. Ma petite lumière venait de naître, mais elle était déjà l’héritière d’une longue lignée. Avant moi, un autre avait tendu son cierge vers une flamme, et avant lui encore, d’autres mains, d’autres visages s’étaient approchés. J’entrais dans une chaîne invisible, une fraternité ardente qui traversait le temps…
Ce geste, pourtant si humble, me donnait l’impression de rejoindre une histoire plus vaste que la mienne. Je comprenais sans le savoir qu’il y a dans toute existence une dette et une transmission. Mon feu ne venait pas de moi seul : il était né de la générosité d’un autre, et il appelait déjà le geste de celui qui viendrait après moi. Ainsi se tisse l’éternité : dans l’offrande d’une étincelle que l’on reçoit et que l’on transmet.
Un lumignon isolé est émouvant par sa fragilité. Mais lorsque des dizaines, des centaines de flammes s’élèvent côte à côte, elles composent un chant de lumière qui déborde les murs, qui caresse le visage des vivants, qui console même les morts. C’est dans ce rassemblement des petites flammes que réside la beauté suprême : chacune garde sa singularité, et pourtant toutes s’accordent dans une même clarté.
Je me dis que la condition humaine n’est pas différente. Nous avançons dans l’obscurité du monde avec nos pauvres lumignons : une tendresse offerte, une parole juste, un acte de bonté, un poème... Rien qui prétende renverser les ténèbres à lui seul. Mais lorsque ces flammes s’ajoutent, lorsqu’elles se rejoignent, alors quelque chose comme une aurore surgit.
C’est cela qu’il faut inspirer : que chacun ose approcher son lumignon tremblant du feu des autres, que nul n’ait honte de sa lumière trop petite, car elle devient immense dès qu’elle consent à se joindre aux autres. Nous ne sommes pas appelés à briller seuls dans l’univers : nous sommes appelés à communier.
Et si l’humanité a un avenir, il est peut-être là : dans la modestie de ces flammes qui, de proche en proche, allument un ciel sur la nuit. Mon feu est né d’un autre feu, qui lui-même venait d’ailleurs. Et déjà, dans l’obscurité, quelqu’un attend ma flamme pour allumer la sienne.
3 weeks ago | [YT] | 149
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Du 7 au 13 novembre, une voyageuse solo se joindra à nous à M’hamid El Ghizlane. Elle cherche des compagnons de marche pour partager la beauté du désert.
Groupe de 3-4 personnes maximum
Contact :
larosenomadefr@gmail.com
+33 0673612917 (WhatsApp bienvenue)
4 weeks ago | [YT] | 101
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Le Nomade
« Rose, toi qui te dresses au milieu des vents comme une flamme fragile, dis-moi : qui est Dieu pour toi ? »
La Rose
« Dieu n’a pas de contour, Nomade.
Il n’est ni au-dessus, ni au-delà : il est la sève qui traverse ma tige, cette clarté qui m’ouvre à l’aube.
Il n’est pas un nom : il est l’espace entre mes pétales, le silence qui les tient ensemble. »
Le Nomade
« Mais les hommes bâtissent des murs et disent : “Voici Dieu.”
Ils écrivent des livres et jurent qu’Il y réside.
Est-ce donc mensonge ? »
La Rose
« Ce n’est pas mensonge, c’est oubli.
Dieu se laisse entrevoir dans une page comme dans une pierre, mais il ne se laisse pas enfermer.
Il est ce qui déborde toujours, ce qui échappe aux mains serrées.
Croire le contenir, c’est déjà l’avoir perdu. »
Le Nomade
« Et toi, Rose, comment sais-tu qu’Il existe ? »
La Rose
« Parce que je m’incline sans savoir pourquoi.
Parce que le vent me dépouille et que je fleurirai encore.
Parce que mon parfum ne m’appartient pas.
Dieu est l’invisible qui m’habite plus que moi-même.
Je n’ai pas besoin de preuve : je suis sa preuve. »
Le Nomade
« Et moi qui marche jusqu’à l’épuisement, Le verrai-je un jour, face à face ? »
La Rose
« Tu ne Le verras pas comme on voit une oasis à l’horizon.
Tu Le reconnaîtras comme on reconnaît une source dans la soif.
Dieu ne se tient pas au bout de ta route, Nomade :
il est le sable qui cède sous ton pas,
il est la fatigue de ton corps,
il est l’étoile qui veille quand tu dors.
Dieu est la marche en toi. »
1 month ago (edited) | [YT] | 358
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Julie Dratwiak - Le Jardin des Oeuvriers
Je suis née dans une famille de mineurs.
Pas pour en tirer une quelconque fierté héroïque (où est la gloire quand on meurt la gueule noire ?), mais pour me rappeler, jour après jour, la dignité de l’homme le plus humble.
Leur vie était faite de gestes simples, de mains noircies, d’épaules qui ployaient sans jamais rompre. Ils descendaient sous terre avec une résignation presque tranquille, comme si la poussière et l’obscurité faisaient partie de leur sang. Je viens de là. Et je porte cette mémoire comme une cicatrice… et comme un talisman.
On peut toujours disserter sur la pauvreté, écrire dessus, en faire des thèses, la décortiquer dans les amphithéâtres, la transformer en roman, en objet d’étude ou en statistique, mais la vérité est ailleurs…
La vérité, c’est la faim dans le ventre qui t’empêche de dormir.
La vérité, c’est le froid qui s’invite jusque dans la moelle des os, et dont aucun drap, aucune couverture, aucune parole douce ne te protège.
La vérité, c’est l’avoir vécu, dans la chair, avec effroi et larmes. Pas comme une idée abstraite, pas comme un concept, mais comme une morsure permanente. Alors seulement on sait.
Je ne suis pas une martyre.
Je n’ai jamais voulu être érigée en statue ou en exemple.
Mais ma vie a été un terrain d’épreuves, un catalogue assez large de souffrances :
une tumeur digestive qui m’a fait supplier la mort, qui m’a clouée au lit comme un animal blessé implorant qu’on l’achève,
des abus sexuels, physiques, psychologiques, où le corps devient un champ de bataille que l’on voudrait quitter,
des nuits d’errance où chaque trottoir ressemble à une condamnation,
des jours de faim où le ventre gronde comme un tambour de guerre.
L’impression d’être traquée par la vie elle-même, sans refuge possible, sans havre ni répit.
Rien ne m’a été épargné.
Et parfois je me demande si ce n’est pas mon « examen final » avant le grand passage. Comme si la vie voulait tester jusqu’au bout la résistance de ma chair et de mon âme.
Et pourtant je ne regrette rien.
Pas un instant.
Parce que tout cela m’a forgée.
J’ai eu une vie complète.
Complète comme ces artistes qui rêvent d’une création totale.
Pas une toile inachevée, pas un roman abandonné au premier chapitre, mais une fresque immense où chaque souffrance, chaque perte, chaque éclat de joie a trouvé sa place.
Ma vie est mon œuvre d’art.
Une œuvre d’art total, façonnée par la douleur, la joie, l’échec, les sursauts, le sang et les cris.
Une œuvre sans calcul, sans recherche de perfection, mais vraie, brute, faite de cicatrices et de miracles minuscules.
Et je remercie tous les acteurs,
les techniciens de l’ombre,
les décorateurs invisibles,
tous ceux qui, de près ou de loin, ont œuvré à ce théâtre.
Les bourreaux comme les sauveurs, les traîtres comme les amis.
Sans eux, pas de scène.
Sans eux, pas de vie.
Sans eux, pas ce texte.
1 month ago | [YT] | 433
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