L’État français sabote l’industrie française depuis un quart de siècle au moins : Ce n'est une nouvelle pour personne.
Nous découvrons en revanche, que la population, elle, se rebiffe et souhaite sauver quelques-uns de ses fleurons.
Nous avons assisté la semaine dernière à un phénomène remarquable : 21 374 Français se sont mobilisés en quarante-huit heures pour sauver Duralex, la verrerie française qui fabrique ces verres de cantine que nous connaissons tous depuis l’école.
Ces particuliers ont promis 21 millions d’euros d’investissement sur une plateforme de financement participatif, avec pour limite 1 000 euros par personne, à 8% par an pendant 7 ans avec 18% d'abattement sur l'impôt sur le revenu.
Sur les réseaux, cela a été immédiatement une pluie de moqueries : Les investisseurs « sérieux » ont déploré l’amateurisme de ces 21 000 citoyens ordinaires.
Et effectivement : Sur le papier prêter mille euros à Duralex est une folie.
En 14 mois depuis sa reprise par les salariés, Duralex a déjà contracté 3,8 millions d'euros de dettes
Et encore les termes finaux de la reprise de Duralex en SCOP ne sont pas clairs et tous les chiffres annoncés sont assortis d'une astérisque. ravageuse : "éléments exceptionnels liés à la reprise à retraiter"... L'ardoise de 15 millions prêtés par la BPI en 2022 au moment de la flambée des prix de l'énergie a-t-elle été effacée ou bien Monsieur Dufourcq va-t-il se montrer moins conciliant maintenant qu'il y a à nouveau des fonds dans la caisse ? Et quand bien même Duralex repartait d'une feuille blanche, voici le plus gros risque :
Duralex a englouti 15 millions d'euros en 2 ans à cause des prix du gaz ! Évidemment, la verrerie est une activité intense en énergie et les usines fonctionnent au gaz naturel. La crise est passée et les pirx du gaz ont rarement été aussi abordables sinon au pire des confinements du COVID mais il est quasiment certain que le marché du gaz connaîtra un nouveau coup de chaud dans les 7 ans qui viennent et cela suffit pour mettre par terre tout le plan de sauvetage pourtant fort méritant des salariés de Duralex.
Enfin, les 3/4 des ventes de Duralex se font à l'export, essentiellement au Proche-Orient, en Chine et au Japon, marchés particulièrement sensibles et périlleux.
21 000 personnes pourtant se sont mobilisées pour Duralex... Et encore, au-delà de l'analyse du dossier, le crédit lui-même n'est pas sérieux et 3 signaux devraient nous inciter à nous détourner de Duralex :
Ce prêt participatif est à remboursement in fine, c'est-à-dire que pendant 7 ans, Duralex ne verse que les intérêts et seulement le dernier jour du prêt doit vous verser d'un coup le capital, 1 000€ pour vous mais jusqu'à 21 millions d'euros pour Duralex. Pour une PME fragile, monter ce mur de la dette est déraisonnable... Pas besoin de faire un dessin ;
Autre problème, la totalité du crédit est supportée par des particuliers. Sauf exception, je conseille toujours d'investir aux côtés de co-investisseurs que ce soit une banque, un fonds ou une compagnie d'assurance qui a accepté le dossier et souhaite partager son risque avec d'autres investisseurs. Cela permet non-seulement de s'assurer que le dossier a été étudié sérieusement par une équipe professionnelle dont les intérêts sont alignés sur les vôtres mais également, en cas de souci, d'avoir ces mêmes professionnels qui vont négocier pour vous.
Enfin, l'obligation que vous recevez est « convertible ». C'est-à-dire qu'en cas de problème, au lieu de rembourser une partie de ce que Duralex vous doit, l'entreprise transformera votre créance en action de Duralex et les actionnaires étant les derniers servis enc as de liquidation, cela signifie que vous ne retrouverez sans doute RIEN de votre investissement.
Et c'est dommage car la déduction fiscale et les intérêts, vous permettent recouper le 3/4 des mille euros investis. Aussi, même un remboursement partiel permettrait de limiter le risque. Je devrais encore ajouter un 4e signal à la suite de la levée : 21 millions d'euros ont été engagés en 48h avant que Duralex n'arrête la levée de fond. Ils auraient pourtant dû la suspendre bien plus tôt encore. La loi limite à 5 millions ces opérations et c'était effectivement l'objectif initial de l'entreprise, placer 3 à 5 millions d'oblligations. Ils entretiennent le flou depuis : Les participants à la levée de fond pourraient croire que Duralex a de quoi voir venir et même essuyer une hausse brutale des prix du agz alors que — légalement — non.
Entre les mauvaises perspectives pour Duralex et une opération mal-montée pour les investisseurs, c'est effectivement une folie de soutenir Duralex.
Je ne jetterai pourtant pas la pierre aux 21 000 particuliers qui se sont mobilisés pour sauver ce fleuron de nos cantines et cuisines.
Ce qui tue Duralex c'est la fin des tarifs conventionnés du gaz en 2020 et pire encore, la réforme du marché européen de l'énergie avec le développement des CFD (contrats pour différences) qui ne permettent plus aux entreprises de sécuriser leurs prix à long terme.
Ce qui tue encore Duralex, ce sont les négociations internationales de l'Europe et les nos grands accords de libre échanges qui sacrifient notre industrie et notre agriculture pour sauver l'automobile allemande et le uxe français.
Voilà pourquoi je ne jetterai pas la pierre aux investisseurs dans Duralex. Je ne pense pas que la première motivation ait été le la plus-value et le ratio risque / rendement mais surtout il y a quelque chose de noble à cette rebuffade. Oui c'est folie, mais il peut s'en passer des choses en 7 ans et peut-être que d'ici-là nous aurons changé de gouvernement voire de régime peut-être que nous nous serons rendus compte qu'il reste bien moins fou d'investir dans Duralex que dans les fonds de défense, de capital-risque ou dans les banques que nous poussent si forts nos banquiers.
Peut-être nous rendrons-nous compte que les SCOP que ne fonctionnent pas si mal et que le capital devenu fou est finalement mieux dehors que dedans.
Il y a du bon parfois à être un peu fou.
Enfin, cet engouement pour Duralex a mis en lumière cette méthode investissement participatif qui réserve des pépites à ceux qui savent les chercher.
Si cela vous intéresse, je vous donne rendez-vous demain soir à partir de 20h pour discuter de ce secteur encore trop méconnu de l'investissement participatif.
Je serai en compagnie de Guillaume Mayot qui connait particulièrement bien ce secteur et de l'intérieur.
L'Investisseur sans costume
Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
L’État français sabote l’industrie française depuis un quart de siècle au moins : Ce n'est une nouvelle pour personne.
Nous découvrons en revanche, que la population, elle, se rebiffe et souhaite sauver quelques-uns de ses fleurons.
Nous avons assisté la semaine dernière à un phénomène remarquable : 21 374 Français se sont mobilisés en quarante-huit heures pour sauver Duralex, la verrerie française qui fabrique ces verres de cantine que nous connaissons tous depuis l’école.
Ces particuliers ont promis 21 millions d’euros d’investissement sur une plateforme de financement participatif, avec pour limite 1 000 euros par personne, à 8% par an pendant 7 ans avec 18% d'abattement sur l'impôt sur le revenu.
Sur les réseaux, cela a été immédiatement une pluie de moqueries : Les investisseurs « sérieux » ont déploré l’amateurisme de ces 21 000 citoyens ordinaires.
Et effectivement : Sur le papier prêter mille euros à Duralex est une folie.
En 14 mois depuis sa reprise par les salariés, Duralex a déjà contracté 3,8 millions d'euros de dettes
Et encore les termes finaux de la reprise de Duralex en SCOP ne sont pas clairs et tous les chiffres annoncés sont assortis d'une astérisque. ravageuse : "éléments exceptionnels liés à la reprise à retraiter"... L'ardoise de 15 millions prêtés par la BPI en 2022 au moment de la flambée des prix de l'énergie a-t-elle été effacée ou bien Monsieur Dufourcq va-t-il se montrer moins conciliant maintenant qu'il y a à nouveau des fonds dans la caisse ? Et quand bien même Duralex repartait d'une feuille blanche, voici le plus gros risque :
Duralex a englouti 15 millions d'euros en 2 ans à cause des prix du gaz ! Évidemment, la verrerie est une activité intense en énergie et les usines fonctionnent au gaz naturel. La crise est passée et les pirx du gaz ont rarement été aussi abordables sinon au pire des confinements du COVID mais il est quasiment certain que le marché du gaz connaîtra un nouveau coup de chaud dans les 7 ans qui viennent et cela suffit pour mettre par terre tout le plan de sauvetage pourtant fort méritant des salariés de Duralex.
Enfin, les 3/4 des ventes de Duralex se font à l'export, essentiellement au Proche-Orient, en Chine et au Japon, marchés particulièrement sensibles et périlleux.
21 000 personnes pourtant se sont mobilisées pour Duralex... Et encore, au-delà de l'analyse du dossier, le crédit lui-même n'est pas sérieux et 3 signaux devraient nous inciter à nous détourner de Duralex :
Ce prêt participatif est à remboursement in fine, c'est-à-dire que pendant 7 ans, Duralex ne verse que les intérêts et seulement le dernier jour du prêt doit vous verser d'un coup le capital, 1 000€ pour vous mais jusqu'à 21 millions d'euros pour Duralex. Pour une PME fragile, monter ce mur de la dette est déraisonnable... Pas besoin de faire un dessin ;
Autre problème, la totalité du crédit est supportée par des particuliers. Sauf exception, je conseille toujours d'investir aux côtés de co-investisseurs que ce soit une banque, un fonds ou une compagnie d'assurance qui a accepté le dossier et souhaite partager son risque avec d'autres investisseurs. Cela permet non-seulement de s'assurer que le dossier a été étudié sérieusement par une équipe professionnelle dont les intérêts sont alignés sur les vôtres mais également, en cas de souci, d'avoir ces mêmes professionnels qui vont négocier pour vous.
Enfin, l'obligation que vous recevez est « convertible ». C'est-à-dire qu'en cas de problème, au lieu de rembourser une partie de ce que Duralex vous doit, l'entreprise transformera votre créance en action de Duralex et les actionnaires étant les derniers servis enc as de liquidation, cela signifie que vous ne retrouverez sans doute RIEN de votre investissement.
Et c'est dommage car la déduction fiscale et les intérêts, vous permettent recouper le 3/4 des mille euros investis. Aussi, même un remboursement partiel permettrait de limiter le risque.
Je devrais encore ajouter un 4e signal à la suite de la levée : 21 millions d'euros ont été engagés en 48h avant que Duralex n'arrête la levée de fond. Ils auraient pourtant dû la suspendre bien plus tôt encore. La loi limite à 5 millions ces opérations et c'était effectivement l'objectif initial de l'entreprise, placer 3 à 5 millions d'oblligations. Ils entretiennent le flou depuis : Les participants à la levée de fond pourraient croire que Duralex a de quoi voir venir et même essuyer une hausse brutale des prix du agz alors que — légalement — non.
Entre les mauvaises perspectives pour Duralex et une opération mal-montée pour les investisseurs, c'est effectivement une folie de soutenir Duralex.
Je ne jetterai pourtant pas la pierre aux 21 000 particuliers qui se sont mobilisés pour sauver ce fleuron de nos cantines et cuisines.
Ce qui tue Duralex c'est la fin des tarifs conventionnés du gaz en 2020 et pire encore, la réforme du marché européen de l'énergie avec le développement des CFD (contrats pour différences) qui ne permettent plus aux entreprises de sécuriser leurs prix à long terme.
Ce qui tue encore Duralex, ce sont les négociations internationales de l'Europe et les nos grands accords de libre échanges qui sacrifient notre industrie et notre agriculture pour sauver l'automobile allemande et le uxe français.
Voilà pourquoi je ne jetterai pas la pierre aux investisseurs dans Duralex. Je ne pense pas que la première motivation ait été le la plus-value et le ratio risque / rendement mais surtout il y a quelque chose de noble à cette rebuffade. Oui c'est folie, mais il peut s'en passer des choses en 7 ans et peut-être que d'ici-là nous aurons changé de gouvernement voire de régime peut-être que nous nous serons rendus compte qu'il reste bien moins fou d'investir dans Duralex que dans les fonds de défense, de capital-risque ou dans les banques que nous poussent si forts nos banquiers.
Peut-être nous rendrons-nous compte que les SCOP que ne fonctionnent pas si mal et que le capital devenu fou est finalement mieux dehors que dedans.
Il y a du bon parfois à être un peu fou.
Enfin, cet engouement pour Duralex a mis en lumière cette méthode investissement participatif qui réserve des pépites à ceux qui savent les chercher.
Si cela vous intéresse, je vous donne rendez-vous demain soir à partir de 20h pour discuter de ce secteur encore trop méconnu de l'investissement participatif.
Je serai en compagnie de Guillaume Mayot qui connait particulièrement bien ce secteur et de l'intérieur.
CLIQUEZ ICI POUR VOUS INSCRIRE AU RENDEZ-VOUS DE L'INVESTISSEMENT PARTICIPATIF : event.webinarjam.com/channel/participatif
À demain et à votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
1 month ago | [YT] | 79