Laurie Darmon

Mon nouveau titre est sorti cette nuit sur toutes les plateformes, il s’appelle « L’exil » et sur cette photo que j’ai choisie pour l’illustrer, c’est ma grand-mère maternelle et ses enfants chez eux à Alexandrie en 1956, quelques semaines avant un départ forcé pour la France dont ils ne se doutaient pas encore.

Cette année-là, au lendemain de la nationalisation du Canal de Suez, tous les étrangers dont les Français qui vivaient en Égypte ont été contraints de quitter soudainement le pays dans lequel ils avaient construit toute leur vie. Parmi eux, ma grand-mère, mon grand-père et leurs quatre enfants. Rien d’autre qu’une valise par famille. Le bateau, l’arrivée en France, d’autres enfants, d’autres métiers, d’autres souvenirs. Une autre vie. Mais le silence sur cette vie d’avant, et jamais ce mot qui faisait exister ce qu’ils avaient vécu : l’exil.

Puis il y a 5 ans, quand j’ai compris qu’ils allaient s’éteindre et emporter avec eux une mémoire qui transperçait notre famille ainsi qu’une culture pleine d’accents, de parfums, d’épices et de chaleur humaine dont j’aimais absolument tout et qui me constitue tellement, j’ai pris les albums photos de leur jeunesse et j’ai demandé à ma grand-mère de me raconter. C’est alors que cette question est venue m’habiter et ne m’a plus quittée, ouvrant ainsi les premières paroles de ma chanson : de quel Orient nous parle-t-elle ?

J’ai un peu le vertige en partageant cette chanson intime sur ma famille, mais je sais trop bien que de nombreuses populations ont connu cette expérience et la connaissent encore, d’où qu’elles viennent, où qu’elles aillent. Alors j’espère que vous aurez envie de la faire voyager et résonner le plus fort possible en ces temps troublés que nous traversons.

Je vous aime, vous m’aviez beaucoup manquée
bfan.link/l-exil

3 years ago | [YT] | 42